Essayiste – journaliste
Réponses
aux questions* – procès, polémiques, positions... *Ces questions sont
celles qui m’ont été le plus souvent adressées lors de
manifestations publiques, par courrier, ou sur le Web. SECTES : - Quelles sont vos motivations ? Je crois que, dans l’histoire, le Siècle des Lumières représente
véritablement quelque chose d’extraordinaire : une volonté de sortir de
la « barbarie ». Je pense aussi que l’esprit des Lumières est de
plus en plus remis en cause aujourd’hui. Sectes, pseudosciences, extrémisme
politique, contestation des acquis de - Depuis combien de temps
travaillez-vous sur les sectes ? J’ai dénoncé publiquement une secte pour la première fois
en 1983. Il s’agissait de Spirale, un groupe de personnes réunies autour de
l’attente des extraterrestres. J’étais alors âgé de 17 ans. La secte a
implosé peu après. J’ai alors compris qu’il était possible de lutter
efficacement contre ces groupes totalitaires. - Avez-vous fait partie d’une
secte par le passé, comme c’est le cas de certains spécialistes du
domaine ? Non, pas en ce qui me concerne. Athée et insensible à
toute démarche spirituelle, la chose m’aurait d’ailleurs été difficile. - Existe-t-il pour vous de bonnes
sectes ? Non. Parce qu’aucune secte ne peut prétendre à rendre
l’individu plus libre. Bien au contraire. - Les journalistes travaillant sur la
question des sectes sont-ils menacés ? Si les menaces physiques et létales restent rares, les
pressions sont multiples. Elles prennent principalement la forme du
dénigrement. On utilise alors contre vous les techniques de la
« propagande de guerre ». La « propagande blanche »
consiste à dévoiler des éléments réels de votre vie privée. La
« propagande grise » mêle des éléments réels à des éléments
inventés. Le mélange de vérités et de mensonges crée ainsi un climat
d’interrogations malsain autour de votre personne. Enfin, la
« propagande noire » consiste en l’invention pure et simple
d’éléments concernant votre passé, vos écrits…
Diverses sectes ont aussi pratiqué la propagande
noire à mon encontre, prétendant avoir gagné des procès contre moi… bien
qu’elles n’aient pas même saisi la justice.
|
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
- Qu’en est-il de l’affaire de L’Arbre
au Milieu ? L’Arbre au Milieu (mouvement classé en tant que secte dans
le rapport parlementaire de janvier 1996), fondé par Bernard Lempert (décédé en 2010), fut mis en cause par diverses
familles. Plusieurs d’entre elles avaient rejoint l’Union Nationale des Associations de Défense des
Familles et de l'Individu (UNADFI). Ces
familles reprochaient à L’Arbre au Milieu sa référence systématique à
l’inceste et les ruptures familiales en découlant. Des incestes, dont les
victimes alléguées n’avaient aucun souvenir, « révélés » par la
technique du rêve éveillé. À cela, les familles opposaient la notion de
manipulation mentale et de « faux souvenirs induits », soulignant
que, gravement mises en cause par l’Arbre au Milieu, pas une d’entre elles
n’avait été inquiétée par Sur la personnalité de Bernard Lempert,
précisons que l’intéressé fut l’auteur d’une étrange autobiographie intitulée
L’âme ardente brusquement saisie par la
douceur des jardins, (Éditions L’Arbre au Milieu, 1988). Il y rapporte
s’être vu, en rêve, incarné par le Christ, et ce à plusieurs reprises. Il y
relate également sa rencontre avec Dieu, la nuit de l’Ascension 1972, « réalité fondamentale » et non « illusion ». Il y exprime enfin sa crainte du « diable »
et du « démoniaque »… Préoccupations mystiques déjà avouées
dans une interview accordée à la journaliste Anne-Marine
(Superposition : rencontres autour
de l’insolite et du para normal, Anne-Marine,
Sorlot-Lanore, 1988). Bernard Lempert, donc,
s’estimant victime d’un « complot » visant à le dénigrer ou à
le diffamer, a mené plusieurs actions en Justice contre ses
contradicteurs : Le Télégramme de Brest, l’ADFI-Bretagne en la personne de sa présidente, deux mères
de famille, le Nouvel Observateur… Le plaignant a été débouté de
toutes ses demandes contre les susmentionnés, perdant toutes ses procédures
tant au civil qu’au pénal. Dans l’affaire opposant Bernard Lempert
à Mmes Favé, Laot
(mères de famille) et De Lorme (présidente ADFI-Bretagne),
Poursuivant une nouvelle fois Mme Laot à la faveur d’une procédure incidente à celle qui
précède, Bernard Lempert s’est finalement désisté
de toutes ses demandes… Au final, dans les multiples procédures lancées à
l’encontre de ses contradicteurs, Bernard Lempert
n’aura réussi à faire condamner le seul journal J’ai expliqué les tenants et les aboutissements de cette
affaire dans mon ouvrage Le New Age – son histoire… ses pratiques… ses
arnaques… (Castor Astral, 1999). On se reportera également aux dossiers
sur L’Arbre au Milieu de l’Association
Psychothérapies Vigilance et du site prevensectes.com. |
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
Ce qui précède n’a pas empêché un certain nombre d’individus
et d’organisations – souvent proches des milieux sectaires et en lutte contre
l’UNADFI ou la MIVILUDES
– d’instrumentaliser l’affaire de L’Arbre au Milieu. Une « légende
dorée » a alors été bâtie autour de
Bernard Lempert. Cette légende peut se
résumer – et se commenter – ainsi : - Bernard Lempert aurait
été traîné en justice par des mères de famille n’acceptant pas l’éloignement
de leurs enfants (quand c’est Bernard Lempert qui assigna lesdites mères de famille au prétexte
d’un « complot » à son
encontre). - Bernard Lempert aurait
été victime de parents coupables d’abus sur leurs enfants (quand pas une des familles ayant subi
les infamantes accusations d’inceste lancées par Bernard Lempert
ne fut inquiétée par la justice). - Bernard Lempert aurait
néanmoins permis le signalement d’un pédophile à la justice (quand l’homme en question a été relaxé
des faits qui lui étaient reprochés par jugement du Tribunal de Grande
Instance de Rennes du 27 novembre 1998). - L’Arbre au Milieu aurait été, in fine, retiré de la liste des « mouvements
sectaires » dressée dans le rapport parlementaire de janvier 1996 (quand la liste n’a jamais été modifiée,
comme tout un chacun peut le vérifier). - Jacques Guyard,
rapporteur de la commission d’enquête parlementaire, aurait dédouané l’Arbre
au Milieu dans le documentaire Sectes
mensonges et idéaux diffusé par La 5e (quand M. Guyard
déclara au magazine Entrevue [n°78,
décembre 1998] à propos de L’Arbre au Milieu : « Depuis l’interview, j’ai eu des informations supplémentaires. Il y a
en tout cas, en l’occurrence, une vraie utilisation de domination
psychologique. C’est pour cela que je ne souhaitais pas apparaître dans
l’émission : je ne voulais pas que mes propos soient exploités. J’ai fait
transiter ma demande par un avocat. ») - Bernard Lempert aurait
été blanchi par la justice via le
jugement de la Cour d’appel de Rennes en 1998 (quand ce jugement le débouta de toutes ses demandes et le condamna à
payer - Bernard Lempert aurait
été blanchi par la justice via le
jugement de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence en 2005 (quand ce jugement ne concernait en rien le classement de l’Arbre au
Milieu en tant que mouvement sectaire, ni quoi que ce soit de l’affaire au
fond, mais le simple fait que le journal La
Provence n’avait pas pris la précaution de contacter l’intéresser avant
d’évoquer de manière critique l’un de ses colloques). Une légende dorée, on le voit, qui doit tout à la
propagande noire… - Comment expliquez-vous les deux
articles de presse favorables à Bernard Lempert
parus dans Libération ? Par le simple fait que leur auteur,
Franck Johannès, loin d’être un observateur
distancié de l’affaire, était un ancien « patient » de Bernard Lempert. C’est ce
que Johannès a dû confesser devant témoins,
interrogé par le tribunal où il était venu témoigner en faveur de Lempert (Tribunal correctionnel de Marseille, 12 mars
2004 – Cour d’appel d’Aix-en-Provence, 19 septembre 2005), soulignant l’aide
reçu du « psychothérapeute » dans une période difficile… Du point de vue de la déontologie
journalistique, on peut s’étonner que le lien si particulier unissant Bernard
Lempert à Franck Johannès
n’apparaisse à aucun moment dans les articles de ce dernier. De même, il est particulièrement étonnant
de voir un « psychothérapeute » n’hésitant pas à mêler ses patients
à des démêlés judiciaires dont il est lui-même l’instigateur. Méthode
pourtant utilisée ici par Lempert, comme d’ailleurs
dans sa procédure lancée contre l’ADFI-Bretagne. On comprend mieux alors la théorie du
complot bâtie par Franck Johannès, tout entière
basée sur un seul et unique membre de l’ADFI-Bretagne,
un temps égaré dans une autre association, elle peu recommandable. Cette
double appartenance permettant bien sûr un commode amalgame. (Le même procédé
est fréquemment utilisé par une certaine presse à l’encontre de telle ou
telle grande centrale syndicale. Qu’un syndicaliste isolé s’égare au Front
National et c’est l’ensemble des adhérents de la centrale qui se trouve
soupçonné de proximité avec l’extrême droite.) |
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
- Avez-vous déjà été attaqué en
justice et avez-vous déjà perdu un procès ? Suite à la parution de mon livre Sectes et mouvements initiatiques en Bretagne – du celtisme au new age, deux individus et une association ont cherché à faire interdire tout ou partie de l’ouvrage, réclamant par ailleurs de forts dommages-intérêts. Ils ont été déboutés. Je n’ai, par ailleurs, aucune condamnation à mon passif. M. Patrick Marsilli a été débouté par le TGI de Quimper (10 avril 1997), qui a jugé
notamment : « Or, l’ouvrage de Messieurs Marhic
et Kerlidou intitulé Les sectes et mouvements
initiatiques en Bretagne constitue un document journalistique
d’investigations très fouillé portant sur les acteurs et les ressorts des
mouvements sectaires en Bretagne ainsi que des associations qui gravitent
autour de ces sectes ou sont susceptibles de subir une telle dérive (…). » Patrick Marsilli a été débouté à
nouveau par la Cour d’appel de Rennes (10 octobre 1997) qui a jugé
notamment : « de la valeur d’ensemble de l’ouvrage critiqué
lequel, issu d’investigations approfondies et d’informations vérifiées et
documentées, s’intéresse dans une perspective historique non seulement à des
mouvements d’implantation locale mais également d’audience nationale ou
internationale ; - de la relation avérée qu’a entretenue Patrick Marsilli avec Jean-Pierre Prévost auprès duquel il s’est
activement engagé dans la promotion de son mouvement fondé sur l’existence de
contacts avec les extra-terrestres, mouvement dont il devait devenir ensuite
le premier responsable – notamment en sa qualité de directeur de la
publication de la revue Spirale ayant succédé à Contacts – après que Jean-Pierre Prévost
ait avoué le caractère mensonger de la rencontre de Cergy-Pontoise avec des
extra-terrestres ; - de la collaboration ayant existé entre Patrick Marsilli et Michel Mélendre
ayant développé dans la revue Spirale (n°6 pages 31 à 33)
un discours authentiquement sectaire avec préfiguration de l’apocalypse,
“vérité” dont Patrick Marsilli allait se détacher (Spirale n°7 pages 4 et 5) ainsi
que n’ont pas manqué de la souligner avec objectivité les auteurs de
l’ouvrage ; - de la légitimité du but poursuivi par M. Marhic et Kerlidou ayant
produit un ouvrage d’investigations répondant à la nécessaire information du
public dans le contexte encore récent de la disparition courant octobre 1994
de cinquante-trois membres de “l’Ordre du Temple Solaire” et de l’achèvement
début 1996 des travaux confiés à la Commission Parlementaire d’Enquête
chargée d’étudier le phénomène des sectes ; - enfin de la prudence, du sérieux et de la mesure
dont ont su faire montre M. Marhic et Kerlidou tout en donnant à leurs propos la dimension
polémique voire ironique que peut justifier le thème traité ; Qu’ainsi
pas plus au plan civil que pénal n’apparaissent caractérisés les faits de
diffamation allégués par Patrick Marsilli (…). » M. Patrick Paul (Association du Vallon d’Arz) a été débouté par le TGI de Vannes (15 janvier 1998) qui a jugé
notamment : « Le tribunal ne trouve pas dans les passages ainsi
incriminés les éléments de la diffamation. Les auteurs se livrent seulement à
une appréciation critique certes sévère de ce qu’ils estiment être les
conceptions globales du monde du docteur Paul. Le fait qu’ils estiment que
cette vision, telle qu’elle leur est apparue à travers les écrits analysés
par eux et l’entretien qu’ils avaient eu avec lui reflète une certaine
coupure avec le réel et une appréhension des notions de secte, de médecine ou
de recherche, différentes de celle du sens commun, qu’elle constitue un
déterminisme et est de nature à priver l’homme de son libre arbitre,
constitue une appréciation d’ordre intellectuel et critique qui relève de
leur liberté d’expression et n’appelle que des réponses du même ordre dans le
cadre d’un débat d’idées. Elles ne peuvent en revanche s’analyser comme
l’imputation de faits déterminés de nature à porter atteinte à son honneur ou
à sa considération. Là encore la diffamation ne sera pas retenue et les prévenus seront relaxés de l’ensemble des fins de
la poursuite (…). » Suite à ce jugement M. Patrick Paul s’est désisté de l’appel qu’il avait formé dans un premier temps. |
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
L’association Bien Naître a été déboutée par le TGI de Brest (janvier 1999) qui a jugé notamment :
« À l’appui de sa demande, l’association Bien Naître explique qu’elle
n’est ni un mouvement initiatique ni une organisation sectaire, qu’elle a
pour objet de mettre en œuvre les moyens favorisant un accouchement et une
naissance bien vécus, ainsi qu’un meilleur accueil de l’enfant au sein de la
famille et de la société, et que son classement dans une liste de mouvements
sectaires ou initiatiques constitue un abus du droit à l’information commis
sans enquête sérieuse préalable (…). Subsidiairement, les défendeurs ont
soutenu que les auteurs ont procédé à une enquête sérieuse qui leur a permis
de conclure que l’association Bien Naître, qui a pour maître à penser le
docteur Odent, est un mouvement qui propose à ses
membres une initiation de type “nouvel âge” correspondant à des vues
sanitaires originales, qu’ils justifient de leurs dires par de multiples
références à des livres, articles et conférences, et que, enfin, l’éveil de
l’opinion publique sur les buts poursuivis par l’association Bien Naître
remonte à la fin de 1995, soit à une date antérieure à la publication de
l’ouvrage incriminé, de sorte que celui-ci n’est pas à l’origine du préjudice
dont se plaint l’association (…). Il n’est pas discuté que l’association a
agi en l’occurrence après l’expiration du délai de trois mois, et son action
doit être jugée irrecevable (…). » Outre cet ouvrage, d’autres procédures ont été lancées
contre moi suite à divers articles. Christian Jacq, écrivain, après avoir déposé plainte en
diffamation avec constitution de partie civile devant le doyen des juges
d’instruction du TGI de Paris (novembre 2001) –
suite à un article intitulé Christian Jacq : La dérive d’un pharaon à
deux balles paru en 2000 dans Le Vrai Papier Journal –, Christian
Jacq, donc, s’est purement et simplement désisté de sa plainte sous réserve
que soit sollicité sa réaction dans l’hypothèse d’un nouvel article le
concernant… Mlles Bertrand, ont été déboutées par le TGI de Paris (décembre 2001) de leur plainte pour
atteinte à la vie privée déposée suite à l’article Christian Jacq :
La dérive d’un pharaon à deux balles cité plus haut. Le tribunal jugeant
notamment : « Le droit au respect de la vie privée n’est pas
absolu. Sa protection s’efface devant les nécessités de l’information,
lorsque celle-ci est légitime et concerne un sujet d’intérêt public (…). En
l’occurrence, les révélations litigieuses sont justifiées par le droit
supérieur de la presse d’informer le public sur le phénomène des sectes qui
constitue un enjeu de société majeur. » L’Union Démocratique Bretonne (UDB), parti autonomiste, d’une part, et, d’autre part, Yann-Ber Tillenon, « druide » bien connu des droites
extrêmes, se sont vus déclarer l’« irrecevabilité » de leurs
demandes par la Cour d’appel de Rennes (juin 2003). Suite à un article paru
en 2001 dans Le Vrai Papier Journal, soulignant, entre autres, les
tentatives de réhabilitation de militants bretons ayant collaboré avec les
nazis durant l’occupation, l’UDB, qui réclamait la
somme de |
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
L’association
Ordre Monastique d’Avallon (OMA), a été déboutée de sa plainte en diffamation par le TGI de Brest (avril 2004) et condamnée à régler la somme
de 600 euros au titre de l’article 700 du Nouveau Code de procédure
civile, suite à l’article Les sectes en Finistère, paru en 2002 dans Un
autre Finistère. Le tribunal jugeant notamment : « Il sera
rappelé que l’utilisation du terme secte est, en l’absence de toute autre
indication, insuffisante pour caractériser une diffamation au sens de l’article
29 de la loi (CA Paris 22 février 1994, Douai 15 janvier 1997) sauf lorsque
des faits diffamatoires sont imputés à la collectivité en cause. Or en
l’espèce l’article n’impute pas à l’Ordre Monastique d’Avallon un fait ou un
comportement particulier ni le qualifie par exemple de dangereux. »
L’association Ordre
Monastique d’Avallon (OMA) a été
déboutée à nouveau par la Cour d’appel de Rennes (29 novembre 2005) qui a
jugé notamment : « Attendu,
ainsi qu’il a été relevé avec pertinence au jugement, que M. Marhic a pris soin de reprendre entre guillemets les
critères et l’énumération figurant dans le rapport parlementaire, sans
imputer précisément à l’Ordre d’Avallon des faits ou un comportement
particulier ; Qu’il n’a rien ajouté à la réputation de l’association
d’autant que postérieurement à la parution du rapport précité celle-ci a
donné lieu à des articles dans des journaux de diffusion nationale, tels que Le
Monde, La Croix, L’Express, et des
publications régionales, en Bretagne et Normandie, en suite des polémiques
qu’elle suscitait, ainsi qu’il ressort des pièces versées aux débats ;
(…) la Cour, confirme le jugement entrepris, ajoutant, condamne
“l’association” aux dépens d’appel, qui seront recouvrés conformément à
l’article 699 du nouveau code de procédure civile, ainsi qu’au paiement d’une
indemnité de 3000 euros aux intimés pour frais non répétibles
(…). »
L’association Ordre
Monastique d’Avallon (OMA) a enfin
été déboutée par la Chambre civile de la Cour de Cassation (3 avril 2007) qui
a jugé notamment : « (…)
attendu que la Cour d’appel a énoncé, par motifs tant propres qu’adaptés que
compte tenu des buts poursuivis par le magazine Un autre Finistère, l’article procédait d’une motivation
légitime d’information pour ses lecteurs en faisant le point à l’échelon
régional sur un sujet d’intérêt, voire de préoccupation, national ;
qu’il se gardait de développer une critique quelconque sur “l’association” ou
de formuler un jugement de valeur mais se bornait à rappeler, en la situant
dans le contexte avec des termes neutres, non péjoratifs, qu’elle figurait au
classement de la commission d’enquête ; que, par ces seuls motifs,
caractérisant la bonne foi et qui échappent au grief du moyen, elle a
légalement justifié sa décision ; D’où il suit que le moyen n’est pas
fondé ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; Condamne
l’association Ordre monastique d’Avallon aux dépens ; Vu
l’article 700 du nouveau code de procédure civile, rejette les
demandes ; »
La Cour de cassation a assorti son arrêt d’une mention de publication à
son bulletin mensuel, démontrant par là même qu’elle entend lui donner toute
publicité.
- Le succès des sectes et des
pseudosciences s’explique-t-il par la perte des valeurs ou des repères ? Non, ce succès s’explique bien plus par la société de
communication qui est la nôtre. Auparavant, les prosélytes de l’irrationnel
devaient en passer par de longues tournées de conférences pour toucher le
public. Quand bien même ils arrivaient à se faire éditer, le succès
littéraire n’était pas forcément au rendez-vous. Aujourd’hui, tout a changé.
Les médias se sont ouverts au quidam, ce qui n’est pas toujours une mauvaise
chose. Mais en un seul passage dans un talk-show télévisé, le moindre gourou,
le plus petit escroc, touche désormais des millions de téléspectateurs. C’est
aussi en cela, qu’en tant que journaliste, j’estime avoir un rôle à jouer
dans ce phénomène. … d’autres réponses à
d’autres questions à : |
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
PSEUDOSCIENCES : - Avez-vous cru aux
pseudosciences ? Oui. Adolescent, je me suis
passionné pour le paranormal, notamment à travers la lecture de certains
ouvrages des éditions J’ai Lu (L’aventure mystérieuse) et Robert Laffont (Les
énigmes de l’univers). Ceci dit, ma démarche consistait à comprendre comment
des phénomènes attestés par tant de « spécialistes » pouvaient ne
pas être reconnus comme réels. Et c’est en m’interrogeant sur cet état de
fait que je me suis aperçu que ces phénomènes pouvaient en fait s’expliquer
en termes rationnels, notamment par le bais de la psychologie et de la
sociologie. J’ai aussi découvert comment les pseudosciences servaient à la
manipulation d’autrui. À 18 ans, mon opinion était faite. J’ai publié de
très nombreux articles sur le sujet depuis lors. Je collabore également
ponctuellement à diverses associations ou manifestations qui, chacune à leur
façon, abordent de façon critique le domaine du paranormal (Observatoire
Zététique, SOS OVNI, Incroyable mais faux !, etc.) - Existe-t-il pour
vous des phénomènes inexplicables ? Non. Quand bien même un phénomène
reste inexpliqué faute d’élément suffisant pour son analyse, comme c’est
souvent le cas, cela ne veut pas dire que ce phénomène soit inexplicable. Par
ailleurs, je pense que c’est à l’auteur d’une affirmation extraordinaire
qu’incombe la charge de la preuve. - Êtes-vous
rationaliste ? J’essaye d’être rationnel. Je me
reconnais dans le scepticisme. J’examine les choses avec soin. Il ne s’agit
donc pas d’une idéologie mais d’une méthode que j’essaye d’appliquer
calmement et, quand l’occasion s’en présente, avec humour. Les croisades
rationalistes agressives et méprisantes pour les croyants ont démontré leur
inefficacité. Taxer quelqu’un de crédulité est totalement improductif. Je
m’attache pour ma part à démontrer pourquoi les pseudosciences ne recoupent
aucune réalité. À chacun ensuite de se faire une opinion en fonction des
éléments que j’apporte. Oui à la liberté de conscience, non à l’ignorance… - Les sujets
touchant aux pseudosciences justifient-ils qu’on leur consacre
attention ? Il est un pédantisme qui consiste
à juger trop vulgaire pour être digne d’intérêt le terreau sur lequel
fleurissent les croyances populaires. On nous dit par exemple qu’il est
superfétatoire de se préoccuper d’histoires aussi improbables que celle
mettant en scène extraterrestres et soucoupes volantes. Ce pédantisme est
justement un atout majeur pour les manipulateurs de tous horizons. Le domaine
des sectes nous en fournit la preuve. Combien de victimes parce que personne
n’avait pris soin de démonter et d’expliquer point par point la rhétorique
des gourous ? Et
autres adversaires de l’esprit des Lumières (extrême droite, intégrisme
religieux, communautarisme…) : - Êtes-vous
franc-maçon ? Faites-vous partie d’une société secrète ? Jusqu’en 2003, ce genre de questions émanait principalement de nostalgiques de l’occupation et du Service des sociétés secrètes de triste mémoire, ou encore de certaines sectes bien connues, persuadées que si elles ont mauvaise presse, c’est affaire de « complot maçonnique » à leur encontre… Depuis la parution du Da Vinci Code de Dan Brown, et sa lecture paranoïaque de l’histoire, ce type d’interrogations s’est généralisé, en particulier vis-à-vis de tout individu se réclamant de l’esprit des Lumières. Quand bien même mon positionnement philosophique n’implique pas d’« encartement », cela n’empêche pas certaines divagations et leur instrumentalisation. Par exemple, le fait de ne pas adhérer aux théories du complot entourant le 11 septembre 2001 (en ce qui me concerne au nom de l’analyse rationaliste qui peut être faite desdites théories), suffit pour certains à faire de vous un suppôt de quelque organisation mondiale chargée de gérer les suites géopolitiques de l’ « effroyable imposture », etc. La méthode visant, là aussi, à dépeindre vos convictions exactement à l’inverse de ce qu’elles sont. |
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
- Qu’avez-vous à
répondre aux attaques des nationalistes bretons contre vous ? En Bretagne, il existe aujourd’hui
un véritable militantisme ethnique qui transcende le clivage droite-gauche.
Les nationalistes bretons de tout bord s’entendent fort bien quand il s’agit,
par exemple, de défendre la mémoire des anciens collaborateurs qui, durant
l’occupation, avaient choisi le camp des nazis en échange de la promesse
d’une Bretagne indépendante. Le nationalisme breton est de fait un triste
marigot qui passe sans transition du rouge au brun et inversement. J’ai
dénoncé cette collusion dans divers articles ainsi que dans un polar intitulé
Hermines
et idées noires. L’agressivité des intéressés à mon encontre n’est
donc pas étonnante. Concernant leurs méthodes, l’affaire
suivante est éloquente. Le 6
décembre 1999, j’étais l’invité du Journal de 13 heures sur France
Inter, à l’occasion de la parution de mon ouvrage Le new age – son histoire… ses pratiques…
ses arnaques…. Dans ce même journal, Jean-Pierre Chevènement,
alors ministre de l’Intérieur, était interviewé au sujet des sectes
apocalyptiques dont on craignait les dérapages à l’approche de l’an 2000. Il
déclarait : « Le danger vient peut-être de petits groupes mal
connus. Il y a des petits groupes qui craignent l’arrivée du Déluge et dont
certains ont choisi de se réfugier sur des sommets des Pyrénées, d’autres
curieusement en Bretagne, je ne comprends pas pourquoi parce que les Monts
d’Arrée sont quand même à une altitude relativement basse… Disons que ce
n’est quand même pas notre principale préoccupation. » À
l’invitation du présentateur, je réagissais à la déclaration du ministre en
ces termes : « Il devrait s’inquiéter un peu plus concernant Les
prédictions évoquées avaient été largement popularisées par Paco Rabanne quatre mois plus
tôt. Quant aux petits groupes apocalyptiques ayant élu domicile en Bretagne,
je leur avais, en 1998, consacré un livre : Voyage au bout de
la secte. Invité en tant que spécialiste des sectes, pour la publication
d’un livre sur le changement de millénaire, mon propos était parfaitement
clair et compréhensible par tous. Voici ce qu’en ont fait les nationalistes
bretons à travers un communiqué de presse : « Les
jacobins, et leurs collaborateurs en Bretagne, n’y vont pas par quatre
chemins. Jean-Pierre Chevènement, ce n’est pas une surprise, en rajoute
toujours un maximum. Il voit même des sectes craignant le déluge se réfugier
sur les sommets des Pyrénées ou sur les monts d’Arrée en Bretagne. On croit rêver
(…) ! On peut comprendre qu’un élu de Belfort, même ministre de l’Intérieur
soit mal renseigné. Mais qu’un pseudo intellectuel, Renaud Marhic, collaborateur de Charlie
Hebdo, soi-disant spécialiste des sectes et qui dirige depuis Brest un
collectif d’opposants à |
Renaud Marhic
Essayiste –
journaliste
Chacun peut
juger de la différence entre ma déclaration et sa caricature par les
nationalistes – pour qui, en bons militants ethniques, il ne peut exister de
sectes apocalyptiques en Bretagne… Quand à diriger un « collectif
d’opposants à la Charte européenne des langues régionales », c’est
là la transformation d’une simple signature sur une pétition s’opposant à
l’instrumentalisation politique de ladite charte par les nationalistes... Cela
pourrait s’appeler la « breizh désinfo ». Le procédé est un classique des groupuscules
extrémistes. Dans le
même ordre d’idées, on peut enfin constater sur divers sites nationalistes,
l’affirmation selon laquelle j’aurais été condamné en diffamation au côté de
Karl Zéro en 2002. Ces sites « oubliant » simplement de préciser
que je l’ai emporté en appel (voir plus haut), et ne fais, à ce jour, l’objet
d’aucune condamnation... |
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